Théorème taubérien de Wiener

En mathématiques, et plus précisément en analyse, le théorème taubérien de Wiener fait référence à plusieurs résultats analogues démontrés par Norbert Wiener en 1932[1]. Ils donnent des conditions nécessaires et suffisantes pour pouvoir approximer une fonction des espaces L1 ou L2 par des combinaisons linéaires de translatées d'une fonction donnée[2].

La condition pour l'espace L1

Soit f ∈ L1(R) une fonction intégrable. Le sous-espace vectoriel engendré par les translatées de f, fa(x) = f(x+a), est dense dans L1(R) si et seulement si la transformée de Fourier de f ne s'annule pas dans R.

Reformulation taubérienne

Le résultat suivant, équivalent à l'énoncé précédent, explique pourquoi le théorème de Wiener est un théorème taubérien :

Supposons que la transformée de Fourier de f ∈ L1 n'ait pas de zéros réels, et que le produit de convolution f  * h tende vers zéro à l'infini pour une certaine fonction h ∈ L. Alors le produit de convolution g * h tend vers zéro à l'infini pour tout g ∈ L1.

Plus généralement, si lim x ( f h ) ( x ) = A f ( x ) d x {\displaystyle \lim _{x\to \infty }(f*h)(x)=A\int f(x)\,{\rm {d}}x} pour une certaine fonction f ∈ L1 dont la transformée de Fourier ne s'annule pas, alors on a également lim x ( g h ) ( x ) = A g ( x ) d x {\displaystyle \lim _{x\to \infty }(g*h)(x)=A\int g(x)\,{\rm {d}}x} pour tout g ∈ L1.

Version discrète

Le théorème de Wiener possède un analogue dans l1(Z) : le sous-espace engendré par les translatées,f ∈ l1(Z) est dense si et seulement si la transformée de Fourier discrète φ ( θ ) = n Z f ( n ) e i n θ {\displaystyle \varphi (\theta )=\sum _{n\in \mathbb {Z} }f(n){\rm {e}}^{-{\rm {i}}n\theta }} ne s'annule pas dans R. Les énoncés suivants sont équivalents à ce résultat :

  • Soit f ∈ l1(Z) une suite dont la transformée de Fourier ne s'annule pas, et telle que le produit de convolution discret f * h tend vers 0 à l'infini pour une suite bornée h. Alors il en est de même de g * h pour toute suite g ∈ l1(Z).
  • Soit φ une fonction définie sur le cercle unité dont la série de Fourier converge absolument. Alors la série de Fourier de 1/φ converge absolument si et seulement si φ ne s'annule pas.

Israel Gelfand a montré[3] que ces résultats sont équivalents à la propriété suivante de l'algèbre de Wiener (en) A(T) :

  • Les idéaux maximaux de A(T) sont tous de la forme M x = { f A ( T ) f ( x ) = 0 } , x T . {\displaystyle M_{x}=\left\{f\in A(\mathbb {T} )\,\mid \,f(x)=0\right\},\quad x\in \mathbb {T} .\,}

Gelfand démontra cette équivalence en utilisant les propriétés des algèbres de Banach, obtenant ainsi une nouvelle démonstration du résultat de Wiener.

La condition pour l'espace L2

Soit f ∈ L2(R) une fonction de carré intégrable. Le sous-espace vectoriel engendré par les translatées de f, fa(x) = f(x+a), est dense dans L2(R) si et seulement si l'ensemble des zéros réels de la transformée de Fourier de f est négligeable, c'est-à-dire de mesure de Lebesgue nulle.

Le résultat correspondant pour les suites de l2(Z) est : Le sous-espace vectoriel engendré par les translatées d'une suite f ∈ l2(Z) est dense si et seulement si l'ensemble des zéros de la transformée de Fourier φ ( θ ) = n Z f ( n ) e i n θ {\displaystyle \varphi (\theta )=\sum _{n\in \mathbb {Z} }f(n){\rm {e}}^{-{\rm {i}}n\theta }} est négligeable.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Wiener's tauberian theorem » (voir la liste des auteurs).
  1. Voir (en) N. Wiener, « Tauberian Theorems », Annals of Math., vol. 33, no 1,‎ , p. 1-100 (JSTOR 1968102).
  2. Voir (en) Walter Rudin, Functional analysis, New York, McGraw-Hill, Inc., coll. « International Series in Pure and Applied Mathematics », , 424 p. (ISBN 0-07-054236-8, MR 1157815).
  3. (de) I. Gelfand, « Normierte Ringe », Rec. Math. [Mat. Sbornik] N. S., vol. 9, no 51,‎ , p. 3-24 (MR 0004726) et
    (de) « Über absolut konvergente trigonometrische Reihen und Integrale », Rec. Math. [Mat. Sbornik] N. S., vol. 9, no 51,‎ , p. 51-66 (MR 0004727).

Voir aussi

Article connexe

Théorème de Wiener–Ikehara

Lien externe

(en) « Wiener Tauberian theorem », dans Michiel Hazewinkel, Encyclopædia of Mathematics, Springer, (ISBN 978-1556080104, lire en ligne)

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