Macroalgue

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Macroalgue
Nom vulgaire ou nom vernaculaire ambigu :
l'appellation « Macroalgue » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
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Algues géantes (kelp ?)

Taxons concernés

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Les macroalgues sont les grandes algues et algues géantes.

Ce sont des algues fixées sur un substrat rocheux, à l'exception des Sargasses de la mer des Sargasses qui flottent sans être accrochées. Elles constituent elles-mêmes un abri (ex : forêt de kelp) et un substrat pour de nombreuses communautés animales marines, voire pour des espèces semi-aquatique telle que la loutre de mer.

Contribution à la production primaire des écosystèmes côtiers

Production primaire dans l'océan mondial selon les données « couleur de l'océan » recueillies par le capteur SeaWiFS. Le côté rouge du spectre indique que l'activité chlorophyllienne océanique la plus importante se concentre sur les zones côtières dont les macroalgues sont fertilisées par les sels nutritifs liés à l'érosion des sols[1].

Les macroalgues jouent un rôle majeur dans le fonctionnement des écosystèmes côtiers du plateau continental. Les écologues marins estiment que la production primaire des macroalgues benthiques côtières représente 30 % de la production océanique globale (contre 75 % pour le phytoplancton qui constitue la base de la chaîne alimentaire aquatique), bien bien la surface des zones côtières ne corresponde qu'à 7 % de l'océan mondial[2].

Par leur production primaire, elles peuvent séquestrer environ 175 millions de tonnes de carbone chaque année sous forme de carbone organique dissous et particulaire, soit en l'enfouissant dans les sédiments côtiers, soit en l'exportant vers les profondeurs marines[3],[4]. Ce potentiel suscite des études documentant l'intérêt de l'algoculture dans la lutte contre le changement climatique[5],[6].

Exploitation

L'exploitation des goémons comme engrais remonte au moins au haut Moyen Âge. Elle a contribué pour une part importante à la réputation de la « ceinture dorée » de la Bretagne[7]. Leur premier usage industriel a lieu au XVIe siècle dans les manufactures du verre et les fabriques de savon. La soude « naturelle » nécessaire à la réaction de saponification est en effet obtenue à partir des cendres de certaines plantes riches en sodium comme la Soude brûlée, les salicornes ou les algues. La température de fusion de la silice est abaissée par le carbonate de soude issue des cendres de bois mais avec l'épuisement des forêts, les verriers utilisent les cendres obtenues par le brûlage des algues brunes. Cette exploitation des algues décline avec la production industrielle du carbonate de sodium au XIXe siècle trois siècles plus tard mais en 1811, le chimiste Bernard Courtois découvre l'iode dans ces mêmes cendres, ce qui marque la deuxième période industrielle des algues. Les pains de soude de goémoniers sont livrés aux usines qui en extraient l'iode utilisé dans l'industrie de la photographie (iodure d'argent) et le domaine médical (teinture d'iode désinfectant les blessures externes)[8]. Aujourd'hui, des vestiges de cette époque sont encore visibles : ruines de fours à goémon et d'anciennes usines d'extraction d'iode

En raison de leur grande diversité chimique et de la bioactivité de leurs métabolites secondaires[9], les macroalgues présentent un intérêt commercial qui est surtout exploité depuis le XXe siècle : cosmétiques, industrie agroalimentaire (légumes, phycocolloïdes : épaississant, gélifiant, etc.), horticulture (plastique compostable), agriculture (engrais et substitut aux phytosanitaires chimiques), santé humaine (médicaments) et animale (substitut aux antibiotiques), bioénergie. Cet intérêt peut être une des causes de leur régression (ou extinction localement due à leur surexploitation) mais il peut également être valorisé à travers une filière algues bien maîtrisée.

La production mondiale de macro-algues (récolte et surtout culture d'algues brunes, rouges et vertes) explose au XXIe siècle : de 15 millions de tonnes en 2009[10], elle est passée à 25 millions de tonnes en 2016 (24 millions étant issues de l'algoculture). La Chine est le premier producteur mondial (64 % de la production mondiale) devant l'Indonésie (11 %) et l'Europe (1 % dont la France à peine 0,3 %)[11].

Filière macroalgues

La filière macroalgues rassemble producteurs (récoltants à pied, pêcheurs, algoculteurs), les transformateurs, les fournisseurs de technologie, les organismes de recherche, les collectivités locales, les organismes locaux pertinents et autres parties prenantes.

Par exemple, la filière algues bretonne rassemble 1 500 chercheurs, génère 1 700 emplois avec près de 80 entreprises de transformation et de commercialisation (groupe Roullier, Goëmar…), pour une valeur estimée à 424 M€ en 2015[12].

Notes et références

  1. (en) C. B. Field, M. J. Behrenfeld, J. T. Randerson et P. Falkowski, « Primary production of the biosphere: integrating terrestrial and oceanic components », Science, vol. 281, no 5374,‎ , p. 237-240.
  2. (en) Roland Wollast, « The coastal organic carbon cycle : Fluxes, Sources, and sinks », dans R. F. C. Mantoura, Jean-Marie Martin, R. Wollast, Ocean Margin Processes in Global Change, Wiley, , p. 365–381
  3. (en) Dorte Krause-Jensen & Carlos M. Duarte, « Substantial role of macroalgae in marine carbon sequestration », Nature Geoscience, vol. 9, no 10,‎ , p. 737-742 (DOI 10.1038/ngeo2790).
  4. Schéma montrant les principales oies de séquestration du carbone des macroalgues.
  5. (en) Carlos M. Duarte, Jiaping Wu, Xi Xiao, Annette Bruhn, Dorte Krause-Jensen, « Can Seaweed Farming Play a Role in Climate Change Mitigation and Adaptation? », Frontiers in Marine Science, vol. 4,‎ (DOI 10.3389/fmars.2017.00100).
  6. (en) Halley E. Froehlich, Jamie C. Afflerbach, Melanie Frazier, Benjamin S. Halpern, « Blue Growth Potential to Mitigate Climate Change through Seaweed Offsetting », Current Biology, vol. 29, no 18,‎ , p. 3087-3093 (DOI 10.1016/j.cub.2019.07.041).
  7. Jacqueline Cabioc'h, Jean-Yves Floc'h, Alain Le Toquin, Charles François Boudouresque, Alexandre Meinesz, Marc Verlaque, Guide des algues des mers d'Europe, Delachaux et Niestlé, , p. 24.
  8. Carole Dougoud Chavannes, Les algues de A à Z, Jouvence, , p. 24.
  9. (en) Stengel DB, Connan S, Popper ZA., « Algal chemodiversity and bioactivity: sources of natural variability and implications for commercial application », Biotechnol Adv., vol. 29, no 5,‎ , p. 483-501 (DOI 10.1016/j.biotechadv.2011.05.016).
  10. Lucile Mesnildrey, Céline Jacob, Katia Frangoudes, Mélanie Reunavot, Marie Lesueur, La filière des macro-algues en France. Rapport d’étude. NETALGAE - Interreg IVb, 2012, p.3
  11. (en) S. Thanigaivel, Natarajan, Chandrasekaran, Amitava Mukherjee, John Thomas, « Seaweeds as an alternative therapeutic source for aquatic disease management », Aquaculture, vol. 464,‎ , p. 529-536 (DOI 10.1016/j.aquaculture.2016.08.001).
  12. Denis Sergent, « Dans le Finistère, des pionniers misent sur les algues  », sur la-croix.com, .

Annexes

Bibliographie

  • (en) David M. John, Gabriel K. Ameka, George W. Lawson, The marine macroalgae of the tropical West Africa sub-region, Cramer, Berlin, 2003, 217 p. (ISBN 9783443510473)

Articles connexes

Liens externes

  • CEVA - Centre d'Etude et de Valorisation des Algues
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