Kégham Atmadjian

Kégham Atmadjian
Fonctions
Rédacteur en chef
Mechagouyt
avec Bédros Zaroyan
-
Rédacteur en chef
Tchank
avec Missak Manouchian
-
Biographie
Naissance
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Bafra (Vilayet de Trébizonde, Empire ottoman)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 29 ans)
Front de l'OuestVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Գեղամ ԱթմաճեանVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
A. Séma, Ա. ՍեմաVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
ottomane
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Domiciles
Lyon (-), Paris (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Université de Paris (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Poète, écrivain, romancier, éditeur associéVoir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Autres informations
A travaillé pour
Mechagouyt (-)
Tchank (-)
Loussapats
AnahitVoir et modifier les données sur Wikidata
Parti politique
Arme
72e régiment d'infanterieVoir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Maître
Kévork Garvarentz (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
« Le feu des Flandres a pris son corps, mais ici repose un rayon de son souvenir de poète. Kégham Atmadjian (A. Séma), 1910-1940. Mort pour la France »

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Kégham Atmadjian (en arménien Գեղամ Աթմաճեան), connu sous le nom de plume littéraire A. Séma (Ա. Սեմա), né le à Bafra dans l'Empire ottoman et mort le en France, est un poète, écrivain et essayiste franco-arménien.

Biographie

Kégham Atmadjian naît en 1910 à Bafra, où il fait ses études primaires[1]. Survivant des déportations du génocide arménien, lors desquelles il perd son père Mihran Atmadjian[2], Kégham Atmadjian vit ses premières années dans des orphelinats de Corfou et d'Alep[3]. Il retrouve ensuite sa mère Parantsem (née Etmekdjian, 1890-1973)[2] et sa sœur[1].

Séma en uniforme militaire.

En 1918, il retourne dans sa ville natale puis s'installe à Constantinople pour ses études[1]. Il est élève de l'orphelinat anglais, où il a pour professeur le poète Kévork Garvarents (le père de Georges Garvarentz), qui lui donne le goût de l'écriture[1].

Il est militant proche des communistes dès 1926, avant son arrivée en France[3]. Il s'installe à Lyon en 1926[1].

En 1929, il s'installe à Paris[1]. Il s'inscrit en tant qu'auditeur libre à la Sorbonne, où il suit des cours de lettres et de sciences sociales[1]. Il fonde en 1930 la revue littéraire arménophone Tchank (Ջանք, « Effort ») avec Missak Manouchian en 1930-1931[4],[5]. Dans cette revue, ils publient des articles sur la littérature française et la littérature arménienne, ainsi que quelques traductions en arménien d'auteurs français[6]. Par exemple, Missak Manouchian traduit le poème Enivrez-vous de Baudelaire[7]. Dans le numéro 2, on retrouve en première page une reproduction de La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix, rendant hommage aux « Trois Glorieuses »[8],[9]. Ils travaillent beaucoup ensemble, notamment dans un atelier d'imprimerie, consommant de grandes quantités de lait pour se prémunir des risques d'intoxication au plomb[6]. Marie Atmadjian raconte en 1953 sa visite dans leur appartement :

« Quand nous sommes arrivées en France début 1930, nous avons trouvé mon frère Séma et son camarade Missak Manouchian dans une chambre sombre et humide du Quartier latin, au bout de la rue des Fossés-Saint-Jacques, au numéro 2. La vision de cette pièce était terrifiante. Ça ressemblait à tout sauf à une chambre normale. Des liasses de papier et des piles d'articles, des outils d'imprimeur, des caractères dans des caisses, des pages et des clichés rangés dans des cartons… Un primus dans un coin, à côté de l'évier sous lequel étaient alignées des bouteilles pleines de lait. Lorsque ma mère, inquiète de voir cet état, a demandé s'ils ne se nourrissaient que de lait, Missak a répondu dans un bon sourire : « Petite maman, il n'y a rien de meilleur au monde que le lait… le plomb est un poison, le lait son antidote. Nuit et jour, nous avons affaire à ces caractères d'imprimerie ; si on ne boit pas de lait, on meurt… ».
Kégham, tout joyeux, nous a apporté les premiers numéros de Tchank, et nous nous demandions s'il fallait nous en réjouir ou pleurer…[n 1],[10],[11]. »

La revue prend fin du fait des difficultés financières rencontrées par les deux hommes[12] mais aussi d’un conflit rédactionnel entre eux[13].

Kégham rentre ensuite au Parti communiste français[1].

Il se marie avec Emma Jeanne Charlotte Le Chevalier en 1934 et ils ont ensemble deux enfants, Erminne et Gilbert.

Avec Bedros Zaroyan, il publie en 1935-1937 une autre revue arménienne, intitulée Մշակույթ (Mechagouyt, « Culture »)[14]. On retrouve aussi sa signature dans Loussapats (« Aube », 1938-1939), publiée par Zaroyan et Zareh Vorpouni[15].

Il est aussi l'auteur de poèmes, de pièces de théâtre, de nouvelles et d'articles, publiés dans les revues sus-mentionnées[3].

Il semblerait qu'il ait fondé, en 1938, une imprimerie nommée l'Imprimerie du Temple au 24 rue Notre-Dame-de-Nazareth à Paris, comme en témoignent les Archives commerciales de la France[16]. Dans son ouvrage sur la littérature arménienne, Krikor Beledian rapporte aussi qu'il a fondé sa propre imprimerie, sans toutefois en donner le nom[1].

Naturalisé français[1], il est mobilisé sous les drapeaux au sein du 72e Régiment d'infanterie[17] et est tué en 1940 lors de la bataille de France sur le front des Flandres[18] au début de la Seconde Guerre mondiale[19].

Sa sœur, l'autrice et poétesse Marie Atmadjian, qui avait participé aux revues de son frère (notamment Tchank), est très marquée par sa mort et lui consacre certaines de ses œuvres : par exemple, dans son premier recueil, Les Lys de Golgotha (1948), la première partie est intitulée « Encensoir pour bénir les cendres dispersées de Séma » ; elle lui dédie aussi des poèmes[20].

  • Titre de la revue Tchank (1930-1931).
    Titre de la revue Tchank (1930-1931).
  • Titre de la revue Mechagouyt (1935-1937).
    Titre de la revue Mechagouyt (1935-1937).

Œuvre

  • Voie sans issue (roman, manuscrit perdu, extraits publiés dans Abaka)[21]
  • (hy) Համաթլոս [« Heimatlos (Apatride) »], Paris,‎ , nouvelle publiée dans le double numéro 3-4 de Mechagouyt, p. 97-111, [lire en ligne]
  • (hy) Զրահածոր գարուն [« Le Printemps cuirassé »], Paris, Éditions Mechagouyt,‎ , 64 p. (BNF 43671385)[22],[23]
  • (hy) Շամիրամ : Թատերաքերթուած հինգ արար [« Sémiramis - Pièce en cinq actes »], Paris, Imprimerie du Temple,‎ , 52 p.[23]
  • (hy) Պարոն Կալունի : Երգիծախաղ մէկ արարուած [« Monsieur Galouni »], Paris, Imprimerie du Temple,‎ , 34 p.[23]
  • (hy) Երկեր, RSS d'Arménie, ՀՍՍՀ հրատ. Պետ. Կոմ. Թիւ 6 տպարան,‎ , 356 p.[23]

Notes et références

Notes

  1. Texte original en arménien :

    « 1930ի սկիզբը երբ ֆրանսա եկանք, Փարիզի Քառթիէ Լաթէնի Ֆօսէ Սէն-Ժաք փողոցին ծայրը, թիւ 2 տան մէջ, հին, մութ ու խոնաւ տան մը վերնայարկին մէջ գտանք եղբայրս՝ Սեման եւ իր ընկերը Միսաք Մանուշեանը: Ահաւո՛ր էր այդ սենեակին պարզած տեսարանը: Ամէն ինչ էր ան բացի կանոնաւոր սենեակ մը ըլլալէ: Թուղթի փաթթոցներ ու թէզեր, տպագրական առարկաներ, տառեր՝ ստուկներու մէջ, խաւաքարտի մէջ զետեղուած՝ շարուած էջեր, քլիշէներ…: Անկիւն մը փրիմիւս. ծորակին տակ շարուած քանի մը շիշեր կաթով լեցուն: Երբ մայրս յուզուած այս սրտաճմլիկ տեսարանէն հարցուց թէ իբր սնունդ կա՞թ կը խմեն միայն: Միսաք քաղցր ժպիտով մը ըսաւ.— «Մայրի՛կ, կաթէն աղէկ ինչ կայ աշխարհի վրայ… Կապարը թոյն է, կաթը՝ հակաթոյն. գիշեր ցորեկ այս տառերուն հետ ենք. եթէ կաթ չխմենք, կը մեռնինք»
    Գեղամ ուրախութեամբ բերաւ մեզի ցոյց տալու «Ջանք»ի առաջին թիւերը: Իսկ մենք՝ չէինք գիտեր՝ լա՞նք թէ ուրախանանք…
    [10]
     »

Références

  1. a b c d e f g h i et j Krikor Beledian 2001, p. 442.
  2. a et b Archives de la famille Vartanian.
  3. a b et c Krikor Beledian 2001, p. 261.
  4. Krikor Beledian 2001, p. 86-87.
  5. Astrig Atamian 2023, p. 68.
  6. a et b Mélinée Manouchian 2023, p. 44.
  7. (hy) Missak Manouchian, « Արբեցէ՛ք » [« Enivrez-vous »], Tchank, no 2,‎ , p. 21 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  8. (hy) « Tchank n° 2 », sur tert.nla.am, (consulté le )
  9. Astrig Atamian 2023, p. 71.
  10. a et b Marie Atmadjian 1953, p. 199.
  11. Manouchian documents 2023, p. 239-241.
  12. Krikor Beledian 2001, p. 87.
  13. Astrig Atamian 2023, p. 70.
  14. Krikor Beledian 2001, p. 239.
  15. Krikor Beledian 2001, p. 241.
  16. « 44.338 - Société Imprimerie du Temple », Archives commerciales de la France, Paris, no 59,‎ , p. 1444-1445 (lire en ligne sur Gallica)
  17. « Kegham ATMADJIAN », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
  18. « Atmadjian, Kegham (1910-1940) », sur catalogue.bnf.fr
  19. « Le poète Séma (Kégham Atmadjian né en 1910) », sur globalarmenianheritage-adic.fr
  20. Krikor Beledian 2001, p. 333.
  21. Krikor Beledian 2001, p. 262.
  22. Krikor Beledian 2001, p. 290.
  23. a b c et d « Ա. Սեմա », sur bibliotheque-eglise-armenienne.fr

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Kégham Atmadjian, sur Wikimedia Commons

Articles connexes

Bibliographie

  • (hy) Marie Atmadjian, « Միսաք Մանուշեան : Մարմնացում մեր սերունդի խռովքին » [« Missak Manouchian : L'incarnation de l'inquiétude de notre génération »], Loussaghbiour, no 6,‎ , p. 197-201 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  • Krikor Beledian, Cinquante ans de littérature arménienne en France : Du même à l'autre, CNRS Éditions, , 487 p. (ISBN 978-2-271-05929-1), voir surtout les p. 261-265 et sa notice biographique p. 442
  • Mélinée Manouchian (trad. équipe de traduction d'Aram, préf. Katia Guiragossian), Manouchian : Témoignage suivi de poèmes, lettres et documents inédits, Paris, Éditions Parenthèses, coll. « Diasporales », , 256 p. (ISBN 978-2863644447)
  • Astrig Atamian, Claire Mouradian et Denis Peschanski, Manouchian : Missak et Mélinée Manouchian, deux orphelins du génocide des Arméniens engagés dans la Résistance française, Éditions Textuel, , 192 p. (ISBN 978-2-84597-961-1)

Liens externes

  • Ressource relative aux militairesVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • Mémoire des hommes
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