Droite de Philon

Droite de Philon (MN) relative à (Ox) et (Oy) et passant par A

En géométrie plane, la droite de Philon est le plus court segment joignant deux demi-droites données (Ox) et (Oy) et passant par un point A donné[1]. Cette droite porte le nom du mathématicien mécanicien Philon de Byzance qui l'aurait mise en place pour résoudre le problème de la duplication du cube[2].

Propriété caractéristique

Propriété fondamentale — Soit [MN] le segment cherché et H le pied de la hauteur issue de O dans le triangle OMN, [MN] est le segment le plus court si et seulement si les distances AM et HN sont égales;

Démonstration :

On trace le cercle de diamètre [OA]. Ce cercle rencontre la demi-droite (Ox) en O et B et la demi-droite (Oy) en O et C. Le pied de la hauteur issue de O dans le triangle OMN est le point d'intersection de ce cercle avec la droite (MN). Si on suppose que le point A est plus proche de (Ox) que de (Oy), le plus court chemin MN sera obtenu pour un point H situé sur l'arc de cercle (AC).

On appelle a la distance OA, h la distance OH, φ l'angle AOH, θb l'angle AOB et θc l'angle AOC. La trigonométrie dans les triangles rectangles permet d'obtenir les relations suivantes :

N H = h tan ( θ c φ ) {\displaystyle NH=h\tan(\theta _{c}-\varphi )}
H M = h tan ( θ b + φ ) {\displaystyle HM=h\tan(\theta _{b}+\varphi )}
H A = h tan ( φ ) {\displaystyle HA=h\tan(\varphi )}
A M = h tan ( θ b + φ ) h tan ( φ ) {\displaystyle AM=h\tan(\theta _{b}+\varphi )-h\tan(\varphi )}
h = a cos ( φ ) {\displaystyle h=a\cos(\varphi )}

La distance que l'on cherche à optimiser est alors :

L ( φ ) = a cos ( φ ) ( tan ( θ c φ ) + tan ( θ b + φ ) ) {\displaystyle L(\varphi )=a\cos(\varphi )\left(\tan(\theta _{c}-\varphi )+\tan(\theta _{b}+\varphi )\right)}

La dérivée de L s'exprime alors sous la forme :

L ( φ ) = a cos ( φ ) ( tan 2 ( θ c φ ) + tan 2 ( θ b + φ ) ) a sin ( φ ) ( tan ( θ c φ ) + tan ( θ b + φ ) ) {\displaystyle L'(\varphi )=a\cos(\varphi )\left(-\tan ^{2}(\theta _{c}-\varphi )+\tan ^{2}(\theta _{b}+\varphi )\right)-a\sin(\varphi )\left(\tan(\theta _{c}-\varphi )+\tan(\theta _{b}+\varphi )\right)}
L ( φ ) = a cos ( φ ) ( tan ( θ c φ ) + tan ( θ b + φ ) ) ( tan ( θ c φ ) + tan ( θ b + φ ) tan ( φ ) ) {\displaystyle L'(\varphi )=a\cos(\varphi )\left(\tan(\theta _{c}-\varphi )+\tan(\theta _{b}+\varphi )\right)\left(-\tan(\theta _{c}-\varphi )+\tan(\theta _{b}+\varphi )-\tan(\varphi )\right)}
L ( φ ) = L ( φ ) ( tan ( θ c φ ) + tan ( θ b + φ ) tan ( φ ) ) = 1 h L ( φ ) ( A M H N ) {\displaystyle L'(\varphi )=L(\varphi )\left(-\tan(\theta _{c}-\varphi )+\tan(\theta _{b}+\varphi )-\tan(\varphi )\right)={\frac {1}{h}}L(\varphi )(AM-HN)}

Le signe de la dérivée est donc celui de la différence AM - HN. Lorsque l'angle φ augmente, AM augmente et HN diminue. La différence augmente et passe d'une valeur négative (si H est en A) à une valeur positive (si H est en B) et s'annule donc pour une valeur φ0.

La longueur L(φ) est donc décroissante puis croissante et atteint son minimum pour une valeur φ0 telle que AM = HN.

Duplication du cube

Cette construction permet d'insérer deux moyennes proportionnelles entre deux valeurs a et b et en particulier, permet la résolution de la duplication du cube. Philon présente cette méthode dans un ouvrage de mécanique sur la construction d'arme de jet. En effet, il cherchait à doubler la puissance de ses armes et avait conclu que, pour doubler la puissance, il suffisait de doubler le volume de celles-ci[3].

Moyennes proportionnelles

Pour insérer deux moyennes proportionnelles entre les valeurs a et b , il suffit de construire un rectangle OBAC tel que OB = a et BA = b, de construire la droite de Philon pour les demi-droites [OB) et [OC) passant par A. Le point H fournit les deux moyennes proportionnelles. Si Hc est le projeté orthogonal de H sur (OC), on peut glisser deux moyennes proportionnelles entre b et a à l'aide de HHc et OHc.

En effet,

Puisque NH = AM, les triangles NHcH et ABM sont égaux, la droite (HcB) est parallèle à (MN) et l'on peut repérer une série de triangles semblables à NOM : HcOB, HHcO, NHcH d'où l'on tire les égalités de rapports suivantes :

O B H c O = H c O H H c = H c H N H c {\displaystyle {\frac {OB}{H_{c}O}}={\frac {H_{c}O}{HH_{c}}}={\frac {H_{c}H}{NH_{c}}}}

Soit encore :

a H c O = H c O H H c = H c H b {\displaystyle {\frac {a}{H_{c}O}}={\frac {H_{c}O}{HH_{c}}}={\frac {H_{c}H}{b}}}

Cette construction permet en outre de déterminer la racine cubique du rapport a/b et les deux longueurs peuvent être déterminées à l'aide de racines cubiques. Si on note x = OHc et y = HcH , on obtient

a x = x y = y b = t {\displaystyle {\frac {a}{x}}={\frac {x}{y}}={\frac {y}{b}}=t}

En multipliant ces trois rapports entre eux, on en déduit :

a b = t 3 {\displaystyle {\frac {a}{b}}=t^{3}}

Soit encore

t = a b 3 {\displaystyle t={\sqrt[{3}]{\frac {a}{b}}}}

Ainsi, on obtient

x = a 2 b 3 {\displaystyle x={\sqrt[{3}]{a^{2}b}}}
y = a b 2 3 {\displaystyle y={\sqrt[{3}]{ab^{2}}}}

En particulier, en prenant a = 1 et b = 2, la valeur x donne la racine cubique de 2.

Construction

Aucune construction à la règle et au compas ne permet de résoudre la duplication du cube, il en est donc de même de la droite de Philon. Mais elle peut être obtenue à l'aide de l'intersection de deux coniques : le point H est en effet situé sur le cercle de diamètre OA, ainsi que sur l'hyperbole d'équation xy = ab.

Notes et références

  1. David Wells, Dictionnaire Penguin des curiosités géométriques, , p. 174
  2. Bernard Vitrac, Mécanique et mathématiques à Alexandrie : le cas de Héron, p 22
  3. Les plus grands scientifiques du bassin méditerranéen, Philon de Byzance

Voir aussi

Liens internes

  • Philon de Byzance
  • Duplication du cube

Liens externes

  • (en) Weisstein, Eric W. "Philo Line." From MathWorld--A Wolfram Web Resource. http://mathworld.wolfram.com/PhiloLine.html
  • icône décorative Portail de la géométrie