Abus sexuels de l'abbé Pierre

L'abbé Pierre donnant une conférence à Amsterdam en 1965.

Les abus sexuels de l'abbé Pierre concernent des violences sexuelles que l'abbé Pierre aurait commises sur une période allant des années 1950 aux années 2000. Ils ont été révélés le 17 juillet 2024, puis le 6 septembre de la même année, par la publication de deux rapports commandés au cabinet Egaé par Emmaüs International. Les abus allégués sont des faits de harcèlement, d'agressions sexuelles et de viol, commis sur des majeures et des mineures.

Publication du premier rapport

Le Emmaüs International publie un rapport de huit pages[1] commandé au cabinet Egaé, dont la rédaction est assurée par sa créatrice, la militante féministe Caroline De Haas. Ce rapport fait suite au témoignage d'une femme, fille d'un couple proche de l'abbé Pierre, venue rencontrer dans un premier temps Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France[2], puis les responsables de l'association Emmaüs en . Elle dénonce des « gestes graves » commis à son encontre au début des années 1980 alors qu'elle avait seize ou dix-sept ans[2].

Le rapport présente les témoignages de sept femmes relatant des « comportements pouvant s'apparenter à des agressions sexuelles ou des faits de harcèlement sexuel » de la part de l'abbé Pierre entre la fin des années 1970 et 2005, l'une d'entre elles étant mineure au moment des premiers faits[2],[3],[4]. Deux témoignages mentionnés dans le rapport font état de signalements aux dirigeants d'Emmaüs en 1992 et en 1995 auxquels l'association n'a pas donné suite[5]. Le rapport relève « une forme d’emprise, alimentée par la différence d’âge, le statut de l’abbé Pierre et une forme d’idolâtrie, ou la situation de subordination entre lui et les personnes (proximité familiale, travail) »[2]. Selon le quotidien La Croix « ce rapport dévoile un homme d’Église qui ne s’empêche pas de chercher à assouvir ses pulsions, se sentant autorisé à poser des gestes répréhensibles par la loi de l’époque. »[3]

Les témoignages recueillis présentent des similitudes. Ils décrivent notamment des attouchements répétés sur la poitrine, généralement commis lorsque l’abbé Pierre est seul avec ses victimes sur lesquelles il semble exercer une emprise psychologique[6].

Le , une source proche du dossier fait savoir que la plateforme Egaé a recueilli une dizaine de nouveaux témoignages[7].

Tribune de quatre chercheurs de la Ciase

Le , à la suite de la parution du rapport, le quotidien Le Monde publie la tribune de quatre chercheurs qui ont collaboré de 2019 à 2021 à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase). Philippe Portier, qui a présidé les travaux historiques de la Ciase, la politologue Anne Lancien ainsi que les historiens Paul Airiau et Thomas Boulu y écrivent ne pas être surpris par les révélations du rapport commandé par Emmaüs et la fondation Abbé-Pierre. En effet, parmi les 1 200 témoignages adressés à la Ciase qu'ils ont eus à traiter, trois mettaient en cause l'abbé Pierre. Ces trois témoignages signés ont été jugés cohérents et écrits sans concertation entre leurs auteures. L'un d'eux se retrouve dans le rapport publié en 2024 sur l'abbé Pierre[8].

Ils estiment que « la compulsion sexuelle de l’abbé Pierre qui débouche dans l’agression récidivante paraît indubitable. Données archivistiques et témoignages sont nombreux et cohérents. Cette compulsion n’a jamais vraiment cessé. [Le cas de] l'abbé Pierre confirme aussi, si c'était nécessaire, que la déviance sexuelle dans le clergé catholique était fort équitablement répartie dans toutes les tendances, progressistes ou intransigeantes ». Ils mettent aussi en cause le silence volontaire de la hiérarchie catholique et de l'œuvre fondée par l'abbé Pierre : « Les évêques informés et les responsables d’Emmaüs ont étouffé les affaires. L’occultation créait un secret partagé, au détriment des agressées, jamais prises en compte. [...] Les évêques des années 1950 n’ont pris aucune sanction canonique. [...] Les dirigeants d’Emmaüs se sont contentés de mettre en garde de manière officieuse et elliptique des femmes travaillant pour Emmaüs. »[8].

Réactions de l’Église catholique

L'abbé Pierre et Albert Decourtray, primat des Gaules en 1987

Le , Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, s'exprimant dans une tribune parue dans Le Figaro, estime que le texte des quatre chercheurs « atteint, quoi qu'on puisse en dire, l'honneur des milliers de prêtres et de diacres [...] en France [et] fait porter une fois de plus un soupçon sur les évêques, accusés plus ou moins explicitement d'avoir "étouffé l'affaire" ». Il juge qu'« une étude attentive des archives sera nécessaire pour comprendre comment l'abbé Pierre a alors reçu les mesures prises, s'il les a respectées ou non, et comment elles ont été suivies par les autorités ecclésiales concernées »[9].

Selon l'un des chercheurs de la Ciase signataire de la tribune, le diocèse de Grenoble, dont dépendait l’abbé Pierre, « a reconnu disposer de données, sans les avoir communiquées »[8], ce qu'affirme également la chercheuse Axelle Brodiez-Dolino interrogée par le magazine La Vie : « Le dossier de l’abbé [Pierre] à l’évêché de Grenoble est étonnamment vierge. Ne figurent que quelques pages relatives à la Résistance. J’ai cherché en vain les autres pièces : elles ont disparu…[2] » En réponse à la tribune, le responsable du service de la communication du diocèse de Grenoble dément le  : « Lors de la visite de l’un des quatre signataires de l’article, le , les archives demandées ont été mises à l’entière disposition de la Ciase. [...] Le diocèse de Grenoble-Vienne réfute toute volonté d’obstruction ou de rétention d’information »[10],[11].

Réactions du mouvement Emmaüs et de « compagnons de route »

Emmaüs et la Fondation Abbé-Pierre

Dans un communiqué[12], Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé-Pierre « saluent le courage des personnes qui ont témoigné et permis, par leur parole, de mettre au jour ces réalités »[13]. Le communiqué annonce la mise en place immédiate d'« un dispositif de recueil de témoignages, strictement confidentiel, s’adressant aux personnes ayant été victime ou témoin de comportements inacceptables de la part de l’abbé Pierre » confié au cabinet Egaé. Il est destiné à rester actif juqu'au 31 décembre 2024[12],[14],[15].

Le délégué général de la Fondation, Christophe Robert, se dit sous le choc de la découverte de tels actes et « en colère » : « J’en veux à l’abbé Pierre d’avoir fait ainsi souffrir ces femmes et je salue le courage qu’elles ont eu de témoigner[2]. »

Proches de l'abbé Pierre

Ancien président des communautés Emmaüs et ensuite d'Emmaüs France entre 1995 et 2007, Martin Hirsch dit avoir eu connaissance par des membres historiques du mouvement de ce qui lui avait été présenté comme les « pulsions » et la « maladie » de l'abbé Pierre. Selon lui, « le plus choquant, c’est que l’abbé Pierre avait comme mot d’ordre "servir premier les plus souffrants", et l’on s’aperçoit aujourd’hui qu’il a créé de la souffrance, parmi des personnes qui ne pouvaient pas se défendre ». Il fait valoir que « l’un des principaux enseignements qu’il faut tirer de cette révélation, c’est que la défense des plus vulnérables ne peut se faire dans une zone de non-droit. L’abbé Pierre a fondé les communautés Emmaüs, comme une utopie, en marge de la légalité. Puisque les règles sociales ne savaient pas trouver une place aux exclus, les communautés se dispenseraient des règles, l’esprit de solidarité en tenant lieu. » Selon son avis, qu'il attribue aussi aux responsables du mouvement Emmaüs, « le meilleur hommage à rendre aux victimes, c’est de continuer le combat contre la misère. »[16].

Biographe et ami intime de l'abbé Pierre, Pierre Lunel, sans mettre « en cause ni en doute les plaintes qui ont été émises », affirme ne jamais avoir reçu de plaintes. Selon lui, « il ne faut pas imaginer l’abbé Pierre dans la peau d’un séducteur galopant. Ses pulsions, ses désirs, il les vivait douloureusement. Pour lui, il s’agissait d’un péché ». Membre du mouvement depuis 1982 et confesseur de l'abbé Pierre, Jean-Marie Viennet indique qu'il connaissait « ses difficultés quant à son rapport aux femmes », mais déclare n'avoir « jamais eu vent d’agressions ni de viol ». Autre proche de l'abbé Pierre, Bernard Kouchner, interrogé le par le quotidien Le Monde, qualifie les accusations de « ridicules » : « Je me souviens d’avoir parlé de femmes plusieurs fois avec lui. Ça en restait à un flou absolu. [Il] est très dommageable de s’attacher à ça quand on sait que l’Église se voit reprocher des choses beaucoup plus graves et beaucoup plus précises. L’histoire de l’abbé Pierre ne me semble pas d’une gravité profonde[17]. »

Nouvelles accusations dans le second rapport

Le , le cabinet Egaé publie un second rapport[18] faisant état de dix-sept nouveaux témoignages, dont douze sont directs et cinq indirects[19]. Ils évoquent des propos à caractère sexuel, des baisers forcés, des agressions sexuelles sur une personne vulnérable et sur plusieurs mineures, ainsi que des fellations imposées, qui peuvent être qualifiées de viols. Les accusations concernent la période comprise entre les années 1950 et 2000 et émanent de différents pays qui comprennent, outre la France, les États-Unis, le Maroc et la Suisse[19],[20]. Outre ces dix-sept nouveaux témoignages circonstanciés, plusieurs personnes entendues par Egae disent avoir été informées des cas de six autres femmes identifiées qui auraient été victimes d'abus sexuels, y compris des mineures, qui n'ont pu être contactées[18].

Dans un communiqué commun[21] avec Emmaüs France et Emmaüs international, la Fondation Abbé-Pierre annonce le changement de son nom et de son logo, la fermeture du lieu de mémoire d'Esteville dédié au fondateur et la mise en place d'une commission indépendante d'historiens chargée d'enquêter sur les dysfonctionnements qui ont permis à l'abbé Pierre de commettre des abus pendant plus de 50 ans[22],[20],[23]. Selon le quotidien La Croix, « les accusations de femmes mineures au moment des faits, dont une était alors âgée de 9 ans, marquent un tournant particulièrement grave dans l’affaire concernant le fondateur d’Emmaüs [et] une escalade brutale [...] de nature à changer radicalement la perception du "héros" de la lutte contre le mal-logement »[19].

Dans un entretien accordé au Parisien le , Véronique Margron demande à Emmaüs la mise en place d'une instance de réparation destinée aux victimes de l'abbé Pierre, sur le modèle de l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et réparation (Inirr) et de la Commission reconnaissance et réparation (CRR). Elle fait valoir que la responsabilité « échoit au mouvement Emmaüs car l'abbé Pierre, jusqu'à la fin, en a été l'image et le fondateur ». Selon elle, les accusations portées contre le prêtre évoquent un « prédateur en série » comparable à Jean Vanier ou aux frères Thomas et Marie-Dominique Philippe[24],[25]. Interrogé sur RTL le 9 septembre, Adrien Caboche, directeur général d'Emmaüs international, déclare que le mouvement réfléchit et travaille à la question de l'indemnisation[26].

Le même jour, la cellule investigation de Radio France publie une enquête documentée qui reproduit différentes archives sur les abus de l'abbé Pierre dans les années 1950-1960. Dans l'article, la Conférence des évêques de France (CEF) répond indirectement aux chercheurs de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église qui accusaient dans la tribune du Monde Emmaüs et la hiérarchie catholique d'avoir à l'époque cherché à dissimuler les agissements de l'abbé Pierre : « Un ou des évêques ont peut-être su des choses et les ont peut-être insuffisamment traitées en leur temps, tous les évêques, à travers le temps, n’ont pas tout su de l'Abbé Pierre, loin de là. » L'enquête aborde également la question de ce que savaient les responsables d'Emmaüs, dont les témoignages sur ce point sont contradictoires[23].

Réactions

De nombreuses communes envisagent de renommer des lieux publics portant le nom de l'abbé Pierre[27]. Interrogé par RCF et Radio Notre-Dame, le président de la CEF, Éric de Moulins-Beaufort annonce le 12 septembre 2024 l'ouverture des archives, notamment à l'intention des chercheurs de la commission indépendante mise en place par Emmaüs[28]. Le 13 septembre, le pape François, interrogé par un journaliste du Monde lors d'une conférence de presse, fait savoir que les faits de violences sexuelles de l'abbé Pierre étaient connus du Vatican depuis des années, au moins depuis sa mort en 2007[29].

Chronologie des abus allégués durant plus de 50 ans

L'enquête du magazine La Vie, sortie le jour de la parution du rapport, fait état de faits connus plus anciens remontant aux années 1950 et 1960. Selon certaines sources, l'abbé Pierre aurait eu sa première relation sexuelle avec une femme pendant la guerre alors qu'il était dans la Résistance. Sa popularité, avec la création d'Emmaüs en 1949 et son appel de 1954, ont donné lieu à de nombreuses incartades sexuelles[2]. Malgré la grande vigilance de Lucie Coutaz[30], et la surveillance de celui qui lui succède après son décès en 1982, l'abbé Pierre « aurait cependant poursuivi son comportement à risques »[2],[3]. Selon Axelle Brodiez-Dolino, historienne de la pauvreté en France et auteure de l’ouvrage Emmaüs et l’Abbé Pierre paru en 2009, « l’abbé Pierre a eu du mal à réfréner son désir pour les femmes tout au long de sa vie ». Elle juge le rapport « très convergent d’un témoignage à l’autre »[2]. Dans cet ouvrage, elle avait documenté les compulsions sexuelles du prêtre connues dès les années 1950-1960[8] qui, selon elle, constituaient, dès cette époque, un « secret de polichinelle »[31]. Biographe et ami intime de l'abbé Pierre, Pierre Lunel rapporte dans son ouvrage paru en 1992, 40 ans d'amour, ce qu'il appelle les « égarements du Père » et ses « inconduites ». Il écrit à ce sujet : « Emmaüs est à la merci de la moindre révélation, mais la force du mythe assure le respect, à l’extérieur, de la loi du silence observée par les proches. La presse a trop contribué à édifier la statue de l’abbé pour se renier en la brisant[2],[32]. »

Évoquant sa nomination en 2010 comme directeur du centre Abbé-Pierre d’Esteville (Seine-Maritime), où le fondateur d’Emmaüs est inhumé, Philippe Dupont rapporte que « certaines personnes qui avaient connu [l'abbé Pierre] [lui] ont très vite parlé de relations avec des femmes. »[2]. Les comportements de l’abbé étaient connus au sein d’Emmaüs. Selon l'un des témoins entendus par le cabinet ayant produit le rapport, « ce n’était pas un épiphénomène. » Le quotidien La Croix rapporte que « plusieurs femmes affirment également avoir rapporté les faits au sein du mouvement. » Une salariée d'Emmaüs indique que « la consigne était donnée à ses collègues féminines de ne pas aller voir l’abbé Pierre seule. »[3].

Dans les années 1950

Dès 1951, alors que l'abbé Pierre était député à l'Assemblée nationale, une femme qui y travaillait aurait subi de sa part des contacts physiques non sollicités[33],[22]. Une autre femme, assistante d'un parlementaire, aurait décrit le « comportement de l'abbé Pierre comme celui d'un prédateur sexuel, qui agressait les collaboratrices et entretenait des relations sexuelles avec elles »[19],[18].

Le voyage aux États-Unis en avril-mai 1955

L'abbé Pierre en 1955.

Après son appel très médiatisé du , l'abbé Pierre part pour les États-Unis le . Jacques Maritain, ancien ambassadeur de France près le Saint-Siège et professeur à université de Princeton, est chargé de l'organisation de cette tournée dans plusieurs villes américaines, de la côte Est jusqu'à Los Angeles, avec l'un de ses étudiants américains, Marshall Suther[23]. Des interventions télévisées et une conférence au siège de l'ONU sont également prévues[34]. L'abbé Pierre débarque à New York le où il est accueilli par Maritain et par le cardinal Francis Spellman, archevêque du lieu, qui remet au prêtre un chèque de 2 000 dollars. Les 6 et , Maritain est prévenu, par deux prêtres américains « affolés », de plaintes de deux femmes à New York au sujet de l'abbé Pierre, qui se trouve alors à Chicago en compagnie de Marshall Suther. Elles affirment que le prêtre leur a fait des avances sexuelles. L'abbé Pierre de son côté fait valoir le même jour par téléphone à Maritain qu'il s'agit « d’imprudence minime ». Trois jours plus tard, Marshall Suther fait cette révélation à Maritain, que ce dernier note ainsi dans ses carnets : « On ne peut comprendre la quantité de folies [commises par l'abbé Pierre] avec des femmes inconnues, non seulement à New York mais aussi à Paris. » Spellman et l'archevêque de Chicago, le cardinal Samuel Alphonsus Stritch, sont alertés[35],[17].

Maritain préconise le un retour précipité de l'abbé Pierre par un vol direct de Chicago à Paris afin d'éviter le scandale : d'autres plaintes sont aussi rapportées à Chicago et à Washington. L'abbé Pierre tente de se dérober à son exfiltration en retournant à New York et, contre la volonté de Maritain, prolonge même son voyage outre-Atlantique jusqu'au Québec[17]. Un jésuite américain recommande à Maritain de rencontrer Spellman pour lui assurer que le cardinal Maurice Feltin, archevêque de Paris, est prévenu, de sorte que l'abbé Pierre ne revienne jamais aux États-Unis. Deux autres évêques français auraient eu connaissance des faits qui se sont déroulés lors de ce voyage écourté : André-Jacques Fougerat, alors évêque de Grenoble, diocèse dont dépend l'abbé Pierre, et Alexandre Renard qui a sous sa juridiction, en tant qu'évêque de Versailles, plusieurs communautés du mouvement[35],[23].

Quelque mois plus tard, Marshall Suther met au courant, de manière voilée, un proche de l'abbé Pierre, s'attirant à la fin de l'année 1955 une réponse courroucée et menaçante du prêtre dans une lettre : « Tu promettais de ne plus te mêler de cette multitude de choses où tu ne sais accumuler que des ravages, chaos et infection [...] Sache que pas une récidive ne restera sans réponse, et s’il le faut [mes réponses seront] brutales, chirurgicales[23]. »

Jacques Maritain, revenu en France à l'été 1955, attire, avec l'aide de René Voillaume, l'attention de la hiérarchie catholique sur le cas de l'abbé Pierre, lequel est convoqué le par le cardinal Feltin pour rendre compte de ses agissements. Le fondateur d'Emmaüs alterne ensuite retraites et séjours en clinique. Officiellement pour être opéré d'une hernie diaphragmatique dans un hôpital suisse, il est en réalité interné en 1957-1958 dans l'institut psychiatrique d'Oscar Forel à Prangins, à la clinique des Rives[36], pour des cures de sommeil. Ce séjour lui est imposé par les évêques mis au courant de sa situation. « Les prêtres déviants sont habituellement pris en charge en France par le Secours sacerdotal, la délocalisation laisse donc croire combien l’affaire est prise au sérieux[8],[23]. » À la demande des premiers responsables d'Emmaüs, dont Yves Goussault, il est écarté de la communauté fin décembre 1957 par la hiérarchie catholique, qui le met sous la tutelle de deux socius (« à la fois chaperon et conseiller spirituel »). L'un d'eux est le jésuite Prosper Monier[35],[23]. L'abbé Pierre, même s'il délègue ses pouvoirs, ne se retire pas d'Emmaüs[23].

Les évêques limitent ses déplacements : son agenda est surveillé par Julien Gouet, secrétaire de l'Assemblée des cardinaux et archevêques de France[17],[30]. Aucune sanction canonique n'est prise contre lui[8]. Les autorités civiles sont averties[37] : alors qu'Edmond Michelet, ministre des anciens combattants, s'apprête en 1958 à promouvoir l'abbé Pierre au grade d'officier de la Légion d'honneur, le cardinal Feltin lui écrit pour l'en dissuader : « Il vaut mieux ne pas parler de cet abbé. Il a eu d’heureuses initiatives, mais il semble préférable, actuellement, de faire silence sur lui[17],[30],[23]. » Les Renseignements généraux ouvrent un dossier sur le prêtre concernant ses mœurs[2]. Lucie Coutaz, secrétaire de l’abbé Pierre et cofondatrice d’Emmaüs, seule alors dans le mouvement à être au courant de l'inconduite du prêtre, se désole et s'inquiète de cette situation qui met l'œuvre en péril si les faits viennent à être connus du public[17]. Une politique du silence se met alors en place pour la protéger[35].

Parmi les témoignages recueillis par le cabinet Egaé, une femme rapporte qu'une parente a raconté à plusieurs reprises avoir été victime d'une tentative d'abus sexuel en 1955 dans un hôtel de New York lors de ce voyage[18].

D'autres abus présumés

En 1956, une femme alors âgée de 18 ans (la majorité étant alors fixée à 21 ans) aurait été forcée de masturber l'abbé Pierre à Rabat, au Maroc, selon le témoignage de ses enfants à qui elle en avait parlé[33],[20].

En 1959, il semble que l'abbé Pierre récidive lors d'un séjour au Québec qui se solde par l'intervention de la police, selon une lettre de l'abbé Pierre qui y fait explicitement référence. Sur place dans une abbaye, l'abbé Pierre écrit le 6 septembre au cardinal Maurice Roy, archevêque du lieu, pour démentir les accusations à son sujet, et menacer ses accusateurs de poursuites judiciaires[23].

L'abbé Pierre en 1965

Dans les années 1960

Certains témoignages recueillis par le cabinet Egaé sont anonymes. « Ces récits, cohérents avec les autres faits rapportés, datent pour la plupart des années 1960. » L'un d'eux porte sur des faits commis au début de la décennie sur un jeune garçon d'une dizaine d'années dans une institution religieuse, selon le mouvement Emmaüs. Le dossier a été transmis à la Commission reconnaissance et réparation (CRR)[20].

L'abbé Pierre est éloigné en 1961 à Béni Abbès en Algérie pour une retraite spirituelle. Pour les chercheurs de la Ciase, cette mesure « suit la logique de réforme comportementale appliquée par l’Église aux prêtres déviants et agresseurs sexuels. »[8].

Dans son livre de mémoires, Paysan de la rive droite, paru en , un an avant la publication du rapport, le théologien André Paul évoquait des faits de harcèlement de la part de l'abbé Pierre contre des femmes, que l'auteur aurait passés sous silence sans « les récentes révélations des ignominies sexuelles de personnalités aussi insoupçonnables que Jean Vanier et l'abbé Jean-François Six. ». Selon André Paul, l'abbé Pierre aurait eu ces agissements vis-à-vis de femmes en charge de l'hôtellerie dans une communauté religieuse en Suède, pays où il avait été invité en 1958[38], et où il faisait des séjours occasionnels, à tel point que « le supérieur aurait exigé qu'à l'avenir il ne revînt qu'accompagné de [son] socius. »[17],[39].

André Paul a aussi été informé d'autres faits d'agressions sexuelles commis à Montréal en 1963, alors que l'abbé Pierre faisait la promotion des fraternités d'Emmaüs : « L'affaire se serait réglée à l'amiable entre la police locale et les autorités ecclésiastiques » à la condition expresse du cardinal Roy que l'abbé Pierre ne revienne plus jamais au Québec[35],[39],[40],[23].

Une femme rapporte des agressions sexuelles qu'elle aurait subies en 1966 à l'âge de 17 ans alors qu'elle accompagnait l'abbé Pierre dans un camp de jeunes[18].

Dans les années 1970

Une femme témoigne avoir subi en Île-de-France, en 1974 et 1975, à plusieurs reprises, des agressions sexuelles de la part du prêtre alors qu'elle avait 8 et 9 ans et qu'elle lui rendait visite accompagné de son beau-père, lui-même incestueux, en contact avec l'abbé Pierre[20],[33]. « Elle a fourni des éléments cohérents et précis sur le lieu et le contexte de ces faits »[19].

Une autre femme témoigne d'agressions sexuelles alors qu'elle avait 15 ans au domicile de ses parents dans une communauté Emmaüs[19],[18].

Dans les années 1980

L'abbé Pierre autour des années 1980.

Une femme, fille d'un couple proche de l'abbé Pierre, témoigne d'agressions sexuelles, entre ses 16 et 17 ans, ayant débuté en 1980[20] qui se sont reproduites à deux reprises alors qu'elle était majeure en 1982 et en 1988 ou 1989. Son témoignage écrit produit en 2003 devant l'abbé Pierre en présence de son père aurait été pris par le prêtre et passé devant eux à la déchiqueteuse. Un autre témoin atteste cette entrevue[1].

Dans un témoignage intégralement reproduit à sa demande dans le second rapport, une femme témoigne d'une agression sexuelle au seuil de la chambre de l'abbé Pierre alors qu'elle avait une vingtaine d'années. Son témoignage fait suite au premier rapport et au communiqué d'Emmaüs international que lui a transmis Pierre Vignon, par ailleurs connu pour son engagement auprès des victimes d'abus sexuels dans l'Eglise catholique[18].

Deux témoignages parvenus à la Ciase portent sur des faits d'agressions sexuelles commis en 1980 sur une salariée d'Emmaüs, et en 1981 sur une femme à Namur en Belgique à l'occasion d'une dédicace après une conférence donnée par l'abbé Pierre[8].

Influencée par le contexte en Belgique de l'affaire Dutroux, la seconde femme, avocate de profession, écrit en 1996 à l'abbé Pierre pour lui réclamer des excuses qu'elle n'obtient pas. Elle fait à nouveau en 2005 parvenir une lettre à l'ordre des Capucins, auquel appartenait l'abbé Pierre. L'ordre la transmet au diocèse de Grenoble, où l'abbé Pierre avait été incardiné en 1939. Le prêtre lui répond qu'il ne se souvient plus des faits, mais lui demande de le pardonner quoi qu'il ait commis[20]. Le , l'évêque de Grenoble, Jean-Marc Eychenne, annonce au Dauphiné Libéré avoir retrouvé la lettre de 2005 en consultant les archives de son diocèse[41],[42],[43],[44]. Deux jours auparavant, des membres de Mouv'Enfants, une association de défense des victimes d’inceste et de violences sexuelles, avaient manifesté devant l'évêché de Grenoble pour demander une enquête sur les faits commis par l'abbé Pierre[45],[46].

Jean-Christophe d’Escaut, issu d’une famille accueillie dans la première communauté Emmaüs, à Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis), accuse le prêtre, dans un livre paru en 2007 intitulé L’Abbé Père, d’avoir tenté de toucher les seins de sa sœur en 1984. La chanteuse Sandra Slag affirme également, dans son livre Le Saint et la Pécheresse paru en 2008, que le prêtre se serait déshabillé devant elle et sa fille en 1985, puis une seconde fois avec elle seulement en 1991[2].

En Suisse, une journaliste de la revue religieuse Choisir témoigne avoir subi en 1988 des agressions sexuelles de la part de l'abbé Pierre lors d'une interview à Genève. Elle évoque ces faits en 2007 dans l'hebdomadaire Caretas. Une jeune femme majeure témoigne à la même époque d'une tentative d'agression dans une institution en Suisse où le prêtre était accueilli lors d'un déplacement[47].

Selon un autre témoignage parvenu à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase), une femme alors âgée de 34 ans, E. de C., dans une situation matérielle précaire, demande en 1989 l'aide de l'abbé Pierre pour trouver un logement. Elle vient alors de quitter le Canada pour la France, après avoir divorcé de son mari en raison de violences conjugales. Le prêtre l'installe à l’hôtellerie de l'abbaye Saint-Wandrille (Seine-Maritime) et paie la pension de son fils aux Petits chanteurs à la croix de bois. L'abbé Pierre profite de sa situation pour l'utiliser entre 1989 et 1990 comme « objet sexuel » dans son appartement parisien : masturbation devant elle, flagellation réciproque, fellations forcées (pouvant être qualifiées de viols) et proposition de triolisme avec une autre femme. C'est en regardant le documentaire Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Église, qu'E. de C. décide de livrer son témoignage à la Ciase en 2019, peu avant son décès[8],[48],[20].

Dans les années 1990

L'abbé Pierre en 1999.

Une autre femme en état de vulnérabilité économique, alors âgée d'une vingtaine d'années, témoigne d'agressions sexuelles à l'occasion d'une dizaine de rencontres avec l'abbé Pierre qui l'a hébergée quelques jours chez lui et l'a aidée dans ses démarches pour trouver un logement[20].

Une élève-infirmière aurait été sexuellement agressée en 1999 alors que le prêtre était hospitalisé. Ses collègues lui auraient dit que « c’était courant avec l’abbé Pierre »[18].

Dans les années 2000

Le 2024 sur France Inter, une femme témoigne d'une agression sexuelle en 2006, alors que l'abbé Pierre avait 93 ans et était soigné dans un hôpital militaire parisien. Selon le témoignage de cette infirmière, « il était coutumier du fait », deux ou trois de ses collègues de travail ayant eu aussi à subir le même traitement. Selon elle, les faits n'avaient pas été rendus publics, l'intéressée ayant mis le comportement de l'abbé Pierre sur le compte de son âge avancé, ignorant totalement à l'époque que l'abbé Pierre avait commis les mêmes actes durant des décennies[49],[18].

Références

  1. a et b Caroline De Haas, « Rapport d’enquête Emmaüs International – Emmaüs France » Accès libre [PDF], sur Emmaüs International, (consulté le ).
  2. a b c d e f g h i j k l et m Pierre Jova et Laurence Faure, « Révélations sur des agressions sexuelles commises par l'Abbé Pierre », La Vie,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le )
  3. a b c et d Matthieu Lasserre, « L’abbé Pierre accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  4. AFP, « L’abbé Pierre accusé d’agressions sexuelles sur au moins sept femmes, selon un rapport commandé par Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès libre)
  5. « L'abbé Pierre accusé de violences sexuelles : trois questions sur le rapport qui incrimine le fondateur d'Emmaüs », Franceinfo,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  6. Arthur Eryeh-Fort et Félix Pommier, « De quoi l’abbé Pierre est-il accusé ? Comprendre en trois minutes », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès libre)
  7. « L’abbé Pierre accusé d’agressions sexuelles : Une dizaine de nouveaux signalements contre le prêtre », 20 Minutes,‎ (lire en ligne Accès libre)
  8. a b c d e f g h et i Philippe Portier, Paul Airau, Thomas Boullu et Anne Lancien, « Révélations sur l’abbé Pierre : "La compulsion sexuelle du clerc catholique paraît indubitable" », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant)
  9. Éric de Moulins-Beaufort, « Mgr Éric de Moulins-Beaufort : "Les évêques apportent leur part au combat indispensable contre les agressions et violences sexuelles" », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès payant)
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  27. Jeanne Durieux avec l’AFP, « Rues, jardins, écoles : ces lieux au nom de l’abbé Pierre qui seront débaptisés », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
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  31. Axelle Brodiez-Dolino, Emmaüs et l'abbé Pierre, Presses de Sciences Po, , 384 p. (ISBN 978-2724610949, lire en ligne), chap. 3 (« L'implosion (1954-1958) »), p. 91-107 :

    « De fait, l’abbé Pierre reste dans sa vie privée incontrôlable et son entourage, à commencer par Lucie Coutaz, doit être attentif aux possibles dérapages. [...] Ce secret bien gardé ne s’est que progressivement dévoilé, alors même qu’il est un élément nodal de compréhension des craintes et des attitudes de l’époque. [...] Il s’agissait d’un secret de polichinelle. »

  32. Pierre Lunel, 40 ans d'amour : l'abbé Pierre et Emmaüs, t. I : Le Temps des apôtres, Édition n°1, (ISBN 9782863915370), p. 214 cité par Axelle Brodiez-Dolino, Emmaüs et l'abbé Pierre, Presses de Sciences Po, , 384 p. (ISBN 978-2724610949, lire en ligne), chap. 3 (« L'implosion (1954-1958) »), p. 91-107.
  33. a b et c J.V. avec AFP, « Abbé Pierre : 17 nouvelles accusations de violences sexuelles », Le Point,‎ (lire en ligne)
  34. « L'abbé Pierre va parler aux Américains », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès limité)
  35. a b c d et e Bernadette Sauvaget, « Abbé Pierre accusé d’agressions sexuelles : aux sources d’un scandale remontant aux années 50 », Libération,‎ (lire en ligne Accès payant)
  36. Marie-Christine Fert, « Quand l’abbé Pierre séjournait à la clinique de Prangins », La Côte,‎ (lire en ligne).
  37. Axelle Brodiez-Dolino, « Révélations sur l’abbé Pierre : « Certains savaient mais n’ont rien dit, car l’icône rendait davantage service sur son piédestal » », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès limité)
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  41. Ève Moulinier, « Affaires abbé Pierre : la victime « a été si choquée qu’il lui a fallu du temps pour en parler » », Le Dauphiné libéré,‎ (lire en ligne Accès payant)
  42. Ève Moulinier, « Affaires abbé Pierre : pourquoi la lettre qui l'accuse a été envoyée au diocèse de Grenoble ? », Le Dauphiné libéré,‎ (lire en ligne Accès payant)
  43. Emma Allamand, « Accusations contre l’abbé Pierre : un précédent en 2005 », Le Point,‎ (lire en ligne Accès libre)
  44. « Abbé Pierre : l'évêque de Grenoble confirme avoir reçu dès 2005 une lettre dénonçant "des gestes déplacés" », France Bleu Isère,‎ (lire en ligne Accès libre)
  45. Laurent Gallien, « Abbé Pierre : "le Diocèse de Grenoble savait", affirme l'association Mouv'enfants », France Bleu,‎ (lire en ligne Accès libre)
  46. Clémence Beyrie, « Affaire Abbé Pierre : ils veulent une enquête sur le diocèse de Grenoble-Vienne », Le Dauphiné libéré,‎ (lire en ligne Accès limité)
  47. R.M., « En Suisse, l'Abbé Pierre a agressé deux femmes », Le Matin,‎ (lire en ligne)
  48. Bernadette Sauvaget, « Affaire abbé Pierre : « Il est passé rapidement de l’aide charitable à des faits d’abus sexuels » », Libération,‎ (lire en ligne Accès limité).
  49. « "Ce n'est pas un saint" : une nouvelle femme dénonce une agression de l'abbé Pierre », France Inter,‎ (lire en ligne Accès libre).

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Christophe D’Escaut, L’Abbé Père, Éditions Alphée, , 331 p. (ISBN 978-2753802384)
  • Sanda Slag, Le Saint et la pécheresse, Éditions de l'Archipel, , 208 p. (ISBN 978-2809800050)

Articles connexes

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